Il est très difficile d’estimer le temps qu’il reste à vivre à quelqu'un. Pour ce faire, on aborde généralement la question sur la base d’un écart, d’une fourchette; on parle de quelques heures à quelques jours, de quelques jours à quelques semaines ou encore de quelques semaines à quelques mois. N'oublions pas que chaque cas est unique, que de nombreux facteurs entrent en ligne de compte et que chacun réagit différemment.
C’est l'hydratation qui a l'effet le plus déterminant sur la survie à court terme. Si le corps dispose souvent d'une réserve d'énergie bonne pour plusieurs semaines, le manque de liquides, en revanche, risque de perturber la fonction rénale en quelques jours seulement. Lorsqu'une personne cesse de boire et reste clouée au lit (et n'a donc pas besoin de beaucoup de liquides), sa durée de vie pourra n'être que de quelques jours ou, au plus, quelques semaines.
Dans le cours normal des choses, une personne mourante viendra à perdre la sensation de faim ou de soif. Du reste, elle ne sera peut-être plus assez consciente pour avaler en toute sécurité. C’est le signe que ses systèmes et appareils cessent de fonctionner. La mort surviendra éventuellement dans les jours ou dans les heures qui suivront. En cas de sécheresse buccale, le patient se sentira peut-être mieux si on lui humecte la bouche. Il ne s’agit pas ici d’étancher sa soif.
Lorsqu’on prend la décision d’arrêter les traitements de maintien en vie, comme l’alimentation artificielle ou les solutés intraveineux, le temps qu’il reste à vivre au patient dépend de son état de santé à ce stade et de la présence ou non de complications, comme une pneumonie. D’ordinaire, même après l’arrêt des solutés, on peut donner de petites quantités d'eau ou des glaçons au patient pour lui humecter la bouche; cela peut se faire aussi avec des tampons. Cet apport de liquides finit souvent par être plus important qu'il n'en a l'air et peut prolonger la vie du patient. Tous ces facteurs ont un impact sur la façon dont le patient compose avec le fardeau de la maladie et sur sa durée de vie. De l'avis de certains, la volonté de vivre du patient a aussi un impact et peut aussi conditionner son espérance de vie.
Les familles et les fournisseurs de soins de santé ne sont pas toujours à l’aise quand un patient refuse d’être nourri et hydraté artificiellement, puisqu’il semble s’agir là de soins essentiels. Pourtant, sur les plans juridique et éthique, la nutrition et l’hydratation artificielles sont considérées comme des traitements de soins de santé, au même titre qu’une opération, une dialyse ou toute autre intervention médicale. Ainsi, le patient a le droit de refuser un traitement médical, et son entourage doit respecter sa décision.
Il est impossible de savoir à quel moment l’état d’un malade va basculer. C’est pourquoi il est essentiel de régler les affaires importantes avant que le patient ne soit trop faible. Mieux vaut s'y prendre plus tôt que tard pour dire ce qui doit être dit et faire ce qui doit être fait.